Lundi 6 mars, le département Workshop organisait son premier évènement du semestre de printemps avec la venue du Conseiller d’État genevois Thierry Apothéloz, présent pour animer un atelier axé sur la politique sociale. Alliant théorie et pratique, ce Workshop a permis à nos membres internationaux d’en apprendre davantage sur le fonctionnement de la politique genevoise. Toutes les personnes présentes ont également eu l’opportunité de s’immerger au coeur du processus de décision cantonal en revêtant, le temps d’une séance, le costume de Conseiller d’État.
Parcours & Engagement
Au cours d’une première partie « théorique », notre intervenant nous a présenté en détail son expérience et les fonctions qu’il a occupé au cours de sa carrière politique, celles-ci s’inscrivant dans la continuité de son parcours personnel et professionnel.
Né en 1971 à Carouge, Thierry Apothéloz est diplômé de la Haute École de Travail Social (HETS) de Genève et d’un bachelor de Droit, qu’il obtiendra bien plus tard. Très tôt, il se dirige vers le milieu associatif et occupe plusieurs emplois dans le domaine social. Entre 1994 et 1999, il réalise une formation d’éducateur social et allie théorie et pratique en oeuvrant à la Fondation J&M Sandoz, foyer pour adolescents situé au Locle, dans le canton de Neuchâtel. Pris de passion pour la chose publique et l’activité politique, il intègre rapidement le Parti Socialiste (PS) et effectue son premier mandat en tant que Conseiller général du Locle, entre 1997 et 1999. De retour à Genève, il voit sa carrière politique s’accélérer en peu de temps. Élu député au Grand Conseil en 2001, il est ensuite amené à siéger au Conseil administratif de Vernier seulement deux plus tard, pour une fonction qu’il occupera près de quinze ans. C’est finalement au mois de mai 2018 que sa carrière politique connaît une consécration avec son élection au poste de Conseiller d’État du canton de Genève, à la tête du Département de la cohésion sociale. Au cours de sa présentation, il souligne à plusieurs reprises l’apport essentiel de son expérience en tant que travailleur social, qui lui a fourni une connaissance précise du domaine et lui permet aujourd’hui une plus grande efficacité dans la réalisation des tâches de son mandat. Toujours fidèle au monde associatif, il a également cumulé plusieurs fonctions telles que les présidences de l’Association des Communes Genevoises (ACG), de l’Oeuvre Suisse d’Entraide Ouvrière (OSEO) mais aussi les vices- présidences de la Fondation Genevoise pour l’Animation Socio-culturelle (FASe) et de l’Hospice général.
Les rouages du Conseil d’État : collégialité & consensus
Poursuivant la présentation de son exercice en politique, Monsieur Apothéloz s’est exprimé sur les rôles et principes de son poste actuel de Conseiller d’État. Belle occasion, pour nos membres internationaux, d’approfondir leurs connaissances du système politique helvète et des spécificités cantonales genevoises. L’occasion également, pour les nationaux, de revoir les mécanismes politiques et juridiques qui régissent le processus décisionnel de leur canton.
Derrière la désignation générale de « Conseiller d’État » se cachent en réalité plusieurs fonctions qui méritent d’être distinguées: celle de membre du gouvernement, celle de chef de département mais aussi celle de représentant d’un parti politique. Dans l’exercice de ces dernières, le Conseiller d’État est amené à dialoguer et débattre avec ses administrés, ses pairs (membres d’une même formation politique), mais aussi et surtout avec ses homologues du Conseil d’État, représentants de diverses obédiences politiques et idéologiques. En effet, ce sont les électeurs qui décident eux-mêmes de l’équilibre partisan, et c’est aux membres du Gouvernement de composer avec les divergences politiques qui en découlent. Régie par le principe de collégialité, l’activité du Conseil d’État se caractérise par la recherche permanente de consensus sur les décisions à adopter. Si selon Thierry Apothéloz l’expérience politique et la propension au dialogue sont des qualités indispensables pour un Conseiller d’État, permettant de favoriser la prise de décisions consensuelles, des ruptures ou crises de collégialité peuvent néanmoins survenir lorsque certains sujets sensibles -budget, impôts, etc- empêchent de trouver un terrain d’entente commun.
Par ailleurs, lors de sa réunion hebdomadaire du mercredi matin, le Conseil d’État est chargé de se positionner sur de nombreuses propositions, provenantes de sources diverses et variées. En effet, le canton de Genève se distingue en cela: en dehors des traditionnels droit d’évocation, droit au référendum et droit à l’initiative, le parlement genevois dispose, contrairement à ses homologues institutionnels des autres cantons, de la capacité légale de rédiger un projet de loi.
En clôture de cette première partie de présentation, Monsieur Apothéloz a répondu aux nombreuses questions posées par les participant.es. Un large éventail de sujets a pu être abordé, allant de la politique cantonale du logement à la question de la fusion des communes. Enfin, notre intervenant a énuméré quelles étaient, selon lui, les trois qualités nécessaires pour une carrière réussie dans la fonction publique, à savoir: une bonne maîtrise de la question de l’égalité de traitement, le sens du service public ainsi qu’une prédisposition au travail en équipe.
L’initiative populaire n°184 « pour un congé parental maintenant ! » : de la théorie à la pratique
La seconde partie de ce Workshop consistait en une mise en pratique de la fonction de Conseiller d’État. Pour cet exercice, il était demandé aux participant.es de s’exprimer sur une véritable initiative populaire, relative à la mise en place d’un congé parental, qui avait été portée par les Verts libéraux au cours de l’année précédente.
Sous la supervision de notre intervenant, nos jeunes conseillers et conseillères en herbe étaient chargés d’exprimer un avis favorable ou négatif, ou bien de formuler un contre-projet, puis d’en expliquer les motivations, suivant ainsi le mode de fonctionnement du Conseil d’État genevois. Cet exercice nous aura permis de distinguer la dimension technique d’un projet de loi (avec ses implications économiques, juridiques, psychologiques) de la volonté purement politique de sa mise en application. Nous avons également pu appréhender la difficulté de la fonction de Conseiller d’État, due aux nombreux éléments à prendre en compte pour chaque décision, tels que les difficultés de mise en application technique, la bonne rédaction d’un texte, les relations entre formations politiques, les relations entre les cantons et Berne, etc.
En conclusion, une expérience réussie pour ce premier Workshop du semestre, instructif et ludique, grâce auquel la Swiss Diplomacy Student Association élargit encore davantage le champ des thématiques traitées lors de ses évènements. Nos remerciements vont au département Workshop, pour son travail d’organisation et de coordination réussi, et plus encore à Monsieur Apothéloz, qui aura su faire preuve de disponibilité et de pédagogie pour nous transmettre son expérience dans le domaine de la politique sociale!
Bibliographie:
https://www.ge.ch/organisation/conseil-etat-ce
https://www.thierryapotheloz.ch/biographie/