Le mardi 31 octobre, la SDSA organisait sa première conférence du semestre, en collaboration avec l’antenne suisse des jeunes IHEDN. Cet évènement était dédié à l’espace extra-atmosphérique et aux enjeux sécuritaires que celui-ci soulève. Mme. Alizée Semon, représentante permanente adjointe de la France auprès de la Conférence du désarmement de Genève, était présente afin de nous partager ses connaissances et son expertise dans le domaine.
Diplômée d’un Master en Affaires Publiques, Mme. Semon est arrivée au sein du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français en 2013. En une dizaine d’années, elle a réalisé un parcours riche et varié, marqué par une spécialisation dans le domaine sécuritaire. En tant que représentante française auprès du COPS (Comité politique et de sécurité de l’Union Européenne), elle a notamment été en charge des mandats pour les missions militaires de l’UE en Afrique. Elle a également oeuvré pour d’autres services de la diplomatie française, tels que la Direction des affaires stratégiques et du désarmement ou le Cabinet du secrétaire d’État chargé des affaires européennes. Depuis septembre 2022, elle officie désormais au sein de la représentation permanente française auprès de la Conférence du désarmement à Genève.
Désarmement et espace
En ouverture, notre intervenante est revenue sur l’architecture institutionnelle des Nations Unies sur le désarmement, consacrée lors de la SSOD-I (Special Sessions devoted to Disarmament) en 1978. Il convient en effet de distinguer deux branches principales: la première à New York, dotée d’une fonction purement délibérative, et la Conférence sur le désarmement basée à Genève, composée de 65 membres et chargée de négocier des traités et des accords concrets.
Mme. Semon nous a également expliqué plus en détail les travaux du « microcosme genevois » sur la régulation des divers armements, qu’ils soient nucléaires, chimiques ou bactériologiques, essentiels pour comprendre les développements ultérieurs sur la régulation de l’espace extra-atmosphérique.
Une zone grise toujours mal appréhendée
Depuis la Guerre froide et la course à l’armement, l’espace extra-atmosphérique suscite de nombreux mythes quant à la possibilité d’une future « guerre des étoiles » dans laquelle s’affronterait les grandes puissances dotées d’une capacité de projection spatiale et de l’arme nucléaire. Si les enjeux sécuritaires liés à l’espace sont bien réels, il faut néanmoins les objectiver et les représenter sous un angle plus réaliste afin de mieux y répondre.
Aujourd’hui, la communauté internationale peine toujours à trouver un consensus quant à la mise en place de normes et de mécanismes de régulation contraignants dans le domaine spatial, afin de responsabiliser le comportement des acteurs dans cet espace. Or, ce dernier est de plus en plus exploité et l’on assiste à une intensification des démonstrations de force et des stratégies de confrontation, parfois générées par une mauvaise transparence des acteurs quant aux développements de leur programmes spatiaux. De plus, la distinction entre les usages civils et militaires des satellites mis en orbite demeure particulièrement floue. Par conséquent, les enjeux sécuritaires se multiplient, notamment en ce qui concerne la protection des populations civiles, des biens, et de l’environnement.
La France pour une utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique, par tous et pour tous
Mme. Semon nous a finalement présenté les positions de la France dans les discussions en cours, notamment dans le cadre des travaux du Groupe de travail à composition nonlimitée, institué par une résolution de l’AGNU en décembre 2021, et qui a finalisé ses travaux, à Genève, cette année.
La France réfléchit aux nouvelles normes qui pourraient être mises en place, afin d’assurer une utilisation pacifique et responsable de l’extra-atmosphérique par l’ensemble des acteurs. Parmi celles-ci sont évoquées l’interdiction des comportements à risques pour l’environnement, comme les tirs anti-satellites, l’encadrement des opérations de proximité avec la mise en place de distances de sécurité pour éviter toute collision et endommagement d’un satellite tiers, ou encore la régulation des comportements à risque pour la sécurité des biens et des personnes.
Plus globalement, la diplomatie française défend une approche pragmatique et graduelle, dans le but d’obtenir des consensus permettant l’institution de nouvelles normes, puis d’un véritable cadre juridique permettant d’assurer la sécurité de tous. Mais les négociations sur de si gros enjeux sont évidemment un travail de longue haleine et nécessitent de longs travaux préparatoires pour s’accorder entre états sur des variables communes posant les bases de futurs accords.
Remerciements
Nous tenons ici à féliciter le département Conférences et sa nouvelle équipe, qui a géré l’organisation de ce premier évènement public du semestre avec brio ! Aussi, nous saluons chaleureusement nos camarades de l’IHEDN pour cette collaboration qui permet à notre association d’étendre ses horizons et d’aborder de nouvelles thématiques liées aux domaines de la défense.
Enfin, nous tenons à remercier sincèrement Mme. Alizée Semon pour son temps, son expertise, sa bienveillance et sa disposition à échanger avec les étudiants que nous sommes.