Le mardi 21 mars 2023, la SDSA recevait son Excellence Monsieur le Consul général de France en Suisse, Patrick Lachaussée, dans le cadre d’une conférence intitulée : « De l’art de la négociation, au décryptage du non verbal et du protocole en diplomatie ». Durant plus d’une heure et demie, Monsieur Lachaussée a brossé pour son auditoire un portrait clair, synthétique et complet des aspects de la négociation diplomatique.
Au-delà des qualités d’orateur dont il a su nous faire la démonstration, Monsieur le Consul général est doté d’une grande expérience en matière d’échanges et de négociations. Fort de ses 32 ans de carrière diplomatique, il a arpenté le quai d’Orsay au sein du Centre de crise du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français, où il a pu pratiquer la négociation en situation de crise. Il a également pris part à des pourparlers dans le cadre de ses fonctions de Directeur de cabinet de la francophonie, ainsi qu’à l’occasion de son passage au Consulat français aux États-Unis sous l’ère Trump, où son rôle de Consul général adjoint l’a mené à organiser des évènements de grande importance, ponctués de négociation avec une pléthore d’acteurs.
Durant le déroulé de son exposé, nous avons senti cette expérience nous parler. Chaque mot, chaque analogie et chaque exercice mental transpiraient un savoir-faire dans le domaine de la négociation, proférant à cette conférence un caractère magnétique. Loin d’aborder la négociation sous un angle de technicien, notre conférencier s’est attelé à nous présenter cette discipline comme un art scientifique complexe. Un art tout d’abord, car la négociation repose sur le même cheminement que celui de la création artistique, à savoir l’apprentissage, la tentative, l’acceptation de l’erreur, le recommencement, la compréhension et la pratique perpétuelle. Une science ensuite, du fait de la connaissance des ressorts sur lesquels s’appuie cette discipline, à savoir donc la psychologie comportementale, le rôle des émotions dans la prise de décision ainsi que la communication verbale et non verbale. La science se présente donc comme un outil indispensable dans la maîtrise de l’art, et contribue à l’amélioration des techniques de négociation.
Toujours dans cette volonté d’introduire et de définir, Monsieur Lachaussée nous a démontré que la négociation est complexe, mais non pas compliquée. Complexe, car les étapes sont irréversibles, chaque facteur étant interdépendant. Il y a de nombreux invariants flous à prendre en compte lors d’une négociation, et le négociateur doit souvent assumer des conséquences imprévisibles. Mais la négociation n’est pas pour autant “compliquée”, car le système dans lequel elle s’inscrit ne requiert pas nécessairement l’usage de techniques précises et déterminées. Pour reprendre l’analogie de notre conférencier, la négociation n’est pas un moteur où de nombreuses pièces produisent des réactions qui, combinées les unes aux autres, donnent un résultat déterminé. Au contraire, ces pièces peuvent être démontées et remontées à envie. Elle s’apparenterait davantage à une recette de mayonnaise, dans laquelle quelques éléments simples entrent en interaction et où le résultat final dépend de nombreuses contraintes extérieures, telles que la compétence de la main mélangeant les ingrédients, l’atmosphère de la pièce ou la fraicheur des aliments.
Un autre aspect intéressant évoqué par le Consul général est la question de l’égo, en tant que caractère commun à toute personne négociant autour d’une table. L’égo est toujours tapi au fond de l’esprit, et celui-ci peut provoquer des émotions incontrôlées et contreproductives. Une des principales leçons qui ressort de la conférence est bien celle d’apprendre à contrôler son égo et ses émotions. Une fois son égo appréhendé, il faut comprendre que l’interlocuteur à qui l’on s’adresse en a également un. Cela nous menant à un autre thème de la conférence : le devoir d’empathie. Utilisant l’expérience et les témoignages d’E. Blondeau, négociateur pour le Groupe d’intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN) français et le RAID (unité d’intervention d’élite de la police nationale française), Monsieur Lachaussée a insisté sur la phrase suivante, qui doit rester ancrée dans notre mémoire afin de réussir une éventuelle négociation : « Comment faire pour que l’autre accepte librement ma proposition en utilisant son propre mode de pensée ? ».
Finalement, le meilleur conseil que notre orateur nous a partagé est de se concentrer sur l’autre, sur ce négociateur ou cette négociatrice en face de nous, doté également d’un égo, de buts, d’émotions et d’un mode de pensée qui lui sont propres et que l’on doit appréhender. Comprendre l’autre doit être aussi important que se comprendre soi-même pour qu’une négociation soit productive.
Votre rédacteur ne peut décemment pas résumer la teneur de cette dense et instructive conférence à travers ces quelques lignes, mais il ne saurait que trop insister sur la nécessité d’assister aux futures conférences de la SDSA. Ce compte rendu vise à illustrer la qualité des intervenants que nous recevons et leur implication à partager leurs connaissances à un auditoire composé d’étudiants passionés. Nous espérons ainsi vous voir encore plus nombreux et nombreuses lors de nos futurs évènements.
Nos plus sincères remerciements à son Excellence Monsieur le Consul Général Patrick Lachaussée pour cette conférence vibrante et passionnante, et toutes nos félicitations au département Conférence de la SDSA, pour l’organisation de cet événement d’une grande qualité !