Semaine de la diplomatie : 24 - 28 avril 2023. Pour consulter le programme, cliquez ici : link

Pour son deuxième évènement du semestre, le département Conférences de la Swiss Diplomacy Student Association a organisé un événement centré sur les migrations climatiques et les défis complexes qui les entourent. L’intervenante, Mme. Alice Baillat, Coordinatrice des politiques à l’Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC), a apporté son expertise ancrée dans la réalité des régions touchées.

Travaillant depuis près d’une douzaine d’années sur le sujet des migrations, Mme. Baillat est diplômée d’un doctorat en Relations internationales réalisé à Science Po Paris. Au cours de son cursus académique, elle s’intéresse déjà à ce sujet et se spécialise sur la situation au Bangladesh en réalisant une thèse intitulée “Le weak power en action. La diplomatie climatique du Bangladesh”. Dans sa jeune carrière, elle dispose déjà d’un parcours riche et varié. Elle a en effet travaillé dans le domaine de la recherche, à l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques, puis au sein de l’Organisation Internationale des Migrations à Genève.

Des préconceptions biaisées

L’intervenante a entamé la discussion en déconstruisant certaines préconceptions courantes sur les migrations climatiques. Selon elle, beaucoup ont tendance à percevoir la problématique comme un enjeu futur à éviter d’une manière ou d’une autre. Elle a souligné que les événements climatiques déplacent déjà de nombreuses personnes dans le monde, notant que depuis 2016, 173 millions de déplacements ont été causés par des catastrophes naturelles. Plus encore, l’environnement s’avère être le plus ancien facteur des migrations humaines.

Elle s’est ensuite penchée sur les relations entre les différents facteurs de migration pour montrer qu’une catégorisation séparée des réfugiés climatiques est difficile à établir. Selon Mme. Baillat, les facteurs climatiques peuvent souvent entraîner des problèmes économiques pour les populations concernées, les poussant également à migrer. Elle a étayé cet argument avec l’exemple des populations dépendantes de l’agriculture de subsistance, pour lesquelles une sécheresse peut s’avérer catastrophique.

De plus, la représentation traditionnelle des migrations climatiques a tendance à donner une image déformée de la réalité de ces déplacements. Dans les faits la grande majorité de ces migrations sont aujourd’hui internes, un phénomène expliqué par plusieurs raisons, parmi lesquelles le manque de ressources pour se déplacer vers d’autres pays, ou encore l’attachement qui incite les individus à rester au plus près possible de leur territoire d’origine.

Enfin, l’intervenante a souligné la proximité de ces enjeux. Contrairement aux idées reçues, le problème affecte toutes les régions du monde et ne se limite pas aux îles mises en danger par le réchauffement climatique. Elle a notamment évoqué l’épisode de crue de l’Arve en novembre dernier, au cours duquel plusieurs centaines de personnes en Haute-Savoie (France) ont dû être évacuées.

Un Cadre Juridique Flou

En fin de conférence, nous avons finalement pu nous pencher sur le cadre juridique assurant la protection des réfugiés climatiques. Il faut en premier lieu noter l’absence d’un statut distinct, la notion de “réfugié climatique” n’étant pas inscrite dans la Convention de Genève de 1951 . Comme mentionné précédemment, les causes des migrations étant étroitement liées, établir une distinction est difficile, expliquant l’échec de toute initiative visant à introduire un tel statut.

Les cadres juridiques existants, tels que l’Accord de Paris de 2015 et le Pacte mondial sur les migrations de 2016 ont été présentés, mettant en évidence leurs implications pour la protection des migrants climatiques. De plus, l’initiative suisso-norvégienne, la Plateforme on Disaster Displacement, a été présentée comme un instrument concret visant à fournir un soutien technique aux états désireux de mettre en oeuvre de nouvelles politiques pour l’accueil et la gestion des personnes déplacées. Cependant, les défis juridiques persistent, en l’absence d’une protection internationale spécifique pour les migrants climatiques et du manque d’efforts pour surmonter ces obstacles.

Remerciements

Nous tenons à féliciter l’ensemble des membres du département Conférences pour l’organisation réussie de cet évènement. Enfin, nous remercions chaleureusement notre intervenante, Mme. Alice Baillat, pour son temps et sa pédagogie, qui nous aura permis d’appréhender plus en détail les enjeux cruciaux des migrations climatiques.

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