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Image : Wikimedia Commons 

 

Afghanistan

Environ trois mois se sont écoulés depuis les négociations de paix qui ont réuni le gouvernement afghan et les talibans à Doha, au Qatar. Ces pourparlers historiques ont commencé le 12 septembre 2020, exactement un jour après le 19e anniversaire des attentats du 11 septembre à New York. En 2016, Donald Trump avait promis de mettre fin à une guerre d’Afghanistan qui semblait interminable. Alors que le président américain s’apprête à quitter la Maison Blanche et remettre le pouvoir à son successeur Joe Biden, les futurs rapports entre les Etats-Unis et l’Afghanistan doivent encore être déterminés. 

La guerre entre les talibans, une organisation politique et militaire fondamentaliste islamique en Afghanistan, et le gouvernement officiel afghan dure depuis près de deux décennies. A la suite des attentats terroristes du 11 septembre et le refus des talibans d’extrader Oussama ben Laden, les troupes américaines ont envahi l’Afghanistan en octobre 2001. Une décision que le gouvernement américain avait justifiée comme rationnelle et nécessaire afin de lutter contre le terrorisme. 

L’accord de février 

Le 29 février de cette année, les talibans et Washington ont signé un nouvel accord comprenant trois points principaux. Le premier oblige les États-Unis à retirer leurs forces militaires du sol afghan dans les 14 mois. Donald Trump avait d’abord eu l’intention de retirer la totalité des 5500 soldats présents en Afghanistan avant Noël 2020. Ce retrait rapide et surprenant aurait mis fin au plus long conflit américain de l’histoire, mais les défis logistiques ont été sous-estimés. Les experts militaires affirment qu’il est «impossible de démanteler le quartier général militaire américain d’ici la fin de l’année». M. Trump a donc changé son plan, et ce seront finalement 2500 soldats américains qui seront présents en Afghanistan au moment de l’investiture de M. Biden. 

Comme l’exigeait le deuxième point de l’accord américano-taliban, en échange du retrait des forces étrangères, les talibans ont garanti de mettre fin à leur qualité de foyer terroriste et de rompre les liens avec al-Qaïda. Quant au troisième objectif, l’Afghanistan est obligé de libérer tous les prisonniers talibans, dont 5000 sont déjà libres. C’est sous ces conditions que le processus de paix a été présenté à Doha. 

Processus de paix lancé 

Les pourparlers de paix qui ont eu lieu dans la capitale qatarie ont été une occasion cruciale pour les deux parties de décider de l’avenir de l’Afghanistan. Une tâche difficile à affronter pour un pays qui a perdu 44 000 civils depuis 2001 et qui est largement marqué par la destruction; dont la population souffre au quotidien dans des conditions inhumaines et où de nombreux civils ont souffert des dommages physiques et mentaux. 

Mais aussi incertain que puisse être l’avenir de l’Afghanistan, «le monde entier veut que [les talibans et l’administration afghane] réussissent à faire la paix», pour citer les propos du secrétaire d’État américain Mike Pompeo lors de la cérémonie d’ouverture des pourparlers de paix de Doha. M. Pompeo est allé encore plus loin en disant qu’on attend d’eux – le peuple afghan – qu’ils «prennent des décisions qui tournent le dos à la violence et à la corruption pour aller vers la paix et la prospérité. »

Emirat ou République? 

La question principale est de savoir si l’Afghanistan deviendra une république où un émirat. D’une part, le représentant des Talibans, le mollah Abdul Ghani Baradar, a exprimé le souhait que «l’Afghanistan soit un pays développé indépendant», mais qui ait aussi «une forme de système islamique où tous ses citoyens se voient reflétés. ». La manière dont la charia va coexister avec les droits de l’homme, ainsi qu’avec les droits des minorités, des femmes et des LGBT, soulève de nombreuses questions. Pour le moment, la peine la plus élevée de la charia pour les membres de la communauté LGBT est la mort par exécution. De plus, il n’y a pas de groupe politique soutenant les droits des LGBT en Afghanistan car les partis opposant les valeurs morales islamiques sont interdits. 

En revanche, pour le gouvernement afghan basé à Kaboul, représenté à la conférence par Abdullah Abdullah, chef du conseil de paix en Afghanistan, l’opinion est qu’il est absolument urgent d’établir enfin un cessez-le-feu afin de « fermer les portes de la guerre et la douleur pour toujours » et de mettre fin immédiatement aux recours à la violence. Même si les pourparlers de paix ont été généralement positifs, la guerre n’a pas cessé et les attaques des talibans contre le gouvernement afghan se poursuivent. 

Négociations substantielles à venir 

La semaine dernière, le 2 décembre 2020, les deux parties ont conclu un premier accord écrit officiel, dont M. Pompeo a dit qu’il «codifie les règles et les procédures», qui «guideront les négociations vers une feuille de route politique et un cessez-le-feu global». L’accord a été bien accueilli par les Nations Unies et Washington, qui jugent nécessaire de mettre en place un terrain d’entente, afin de commencer par les négociations et les questions de fond. 

Le processus de paix de Doha a produit de grandes attentes et beaucoup d’espoir. Bien que la situation de guerre en Afghanistan dure depuis bien trop longtemps et ait coûté la vie a beaucoup trop de victimes, on ne peut ignorer qu’un obstacle majeur a été surmonté en engageant et en structurant de tels pourparlers de paix. Les semaines à venir nous montreront plus précisément vers quelle direction ce processus de paix 

 

 

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